Maroc 2017
Atlas, Anti-Atlas, désert de Foum Zguid à Merzouga par la piste
J | Date | Etape | km | D+ | Alt | Type route | Bus (km) | Hébergement | Histoires |
1 | 18/02/2017 | Marrakech | 8 | 500 | H | Les branches des arbres qui s'écartent, l'avion, la Seine, la Loire, Les Pyrénées, du vert au sable, sortir de la zone de confort, remontage du vélo, que faire des cartons, Marrakech et ses remparts, la place Jama avec ses camelots et des badauds, le siphon du lavabo de la chambre et carreaux de céramique, la même qu'il y a 5 ans ! Que se passerait-t-il si ...? On ne revient jamais dans le ventre de sa mère... Oui, ça passe, oui, c'est bien, oui, ça valait le coup, il fallait juste y aller... | |||
2 | 19/02/2017 | 30 km Ouest d'Agouim | 32 | 1 100 | 2 100 | G | 130 | Café | La soupe aux fèves le matin, avec du thé et du pain, le bus pour Agouim à traverser l'Atlas, RN8, sommets enneigés, paysage de pierre, la voix du muezzin, déchirante, qui surgit de partout et de nulle part, 1er thé à la menthe avec pain et zahatar. Tizi Tichka, beaux paysages de montagne Atlas, les moutons qui semblent brouter les pierres, l'odeur des brochettes grillées qui imprègne les vêtements après le passage au restaurant, les femmes qui font la lessive à la main dans le lit des rivières en faisant chauffer l'eau dans des demi tonneau posés sur un feu de bois, le linge multicolores qui sèchent ensuite sur les buissons, villages berbères partout, le long de la route qui se confondent avec les couleurs de la montagne, petits champs cultivés up and down fatiguant, , cultures en terrasses, amandiers en fleurs, à la nuit, vers 2100 m froid, un restaurant au bord de la route, une télé diffusant un match du championnat d'Italie (?), hébergé dans l'arrière salle après avoir mangé mes fèves devant la télé et suscité un grand intérêt dans la salle ! |
3 | 20/02/2017 | Aoulouz | 97 | 1 100 | 800 | G | H | Froid, Vent+, doigts gelés, soupe de fèves pour réchauffer les doigts, quelques flocons de neige, peu de visibilité, beaux villages, effondrement de la route sur 100 m, porter le vélo, un gué, Aoulouz vers 17h, hôtel Sahara, douche chaude, coiffeur, peu de restaurants, il pleut le soir ! | |
5 | 21/02/2017 | Timdrakht | 57 | 1 100 | 1 620 | G/P (34) | 35 | Habitant | Une carte SIM à la poste, ça change la vie. A Taliouine un papy camping cariste français montre au boucher que sa scie à découper la viande n'est pas aux normes !, "la vache qui rit" une valeur sure, amandiers, splendides plateaux de l'Anti Atlas, la piste assez cassante vers Assaragh en fin de journée prix à payer pour des paysages superbes plateaux en pentes douces avec vue sur l'Atlas enneigé au Nord (quelques poussettes, le cul n'en peut plus), nuit arrive dans la descente, et la pluie s'y met, grand moment de solitude GMS, risque de chute ++, du coup, à pied, petit village désert (Timdrakht), appel à la prière, direct à la mosquée pour trouver le sauveur du jour, ce que je, que des mâles de plus de 50 ans, un vieux m'a pris en charge, on rage le vélo dans sa cour, et c'est le diner dans famille berbère, je dors dans la remise en bas sur un couverture malheureusement habitée par les puces (pas bien méchantes celles-là), froid, pluie, pas de réseau (ce qui devient rare au Maroc. Famille pauvre, soupe de lentille dans laquelle on trempe du pain plus trop frais, ciment pas terminé... |
6 | 22/02/2017 | Tissint | 104 | 600 | P(6)/G | H dehors | Plu toute la nuit et c'est très vert le lendemain : comment être vert dans la pierre ? Villages oasis de montagnes superbes (dont Limdit à gauche perché) Arrivée dans l'Oasis d'Assaragh par une superbe allée bordée de champs, de palmiers, d'amandiers ++ en fleurs, auberge du soleil, seul client, accueil ++, 6 km de piste en descente raide, des village puis le goudron, paysages ++ de l'Anti Atlas. Pourquoi la montagne pour un cycliste. On peine, on avance comme une tortue, on descend à peine plus vite quand c'est de la piste. Mais les paysages changent vite. "Qu'y a-t-il au détour de ce virage derrière cette butte, ce faux plat. On ne s'en lasse jamais de cette diversité. Et la végétation change à chaque étage : des arbres en fleurs au-dessus de 15000m, déjà fanés vers 800m où les fleurs prennent le relais. Culture du safran comme à Taliouine. Contreforts sud de l'anti Atlas, montagne pelée, gros orages proches (refugié sous la bâche), puis la plaine avec, au sud le Djebel Bani (Est/Ouest) au sud duquel je vais rouler bientôt avec à mon sud le grand Sahara. Les oueds débordent d'eau, il fait très frais (12°) il faut parfois rouler dans le lit des rivières qui débordent sur le goudron. Les 20 derniers km dans le noir pour rejoindre Foum Zguid à tout prix et après avoir pris du retard, faux plat descendant arrivée 19h30. Dormi dans le salon ouvert sur l'extérieur d'un hôtel casbah de luxe. Bien mieux qu'une chambre fermée. Dormir dehors, le luxe suprême? Dans les cafés la religion du foot l'emporte avec la Mecque des championnats d'Europe de ligue | ||
7 | 23/02/2017 | Foum Zguid | 68 | 230 | 665 | G | H | Omelette marocaine ? La roue de secours de tout repas ! Etape de "transition" sur goudron, plate, rapide, désert, goudrons, des campings cars presque plus nombreux que les transports locaux ...acacias, 2 chutes (plus c'est tranquille, moins on fait attention et plus fréquente est la chute dans le fossé parce qu'on fait autre chose en même temps : manger, régler le compteur etc. ...). Ça avance tout seul sous le soleil et le beau temps revenu. Un véhicule toues les 15 mn. Gamins odieux aux abords des écoles de brousse. Une sieste 10 km avant Foum Zguid à l'ombre des acacias. Le compteur de vitesse rend l'âme et c'est un miracle que je trouve une pile dans une improbable épicerie vendant tout autre chose... Hôtel crasseux d'abord sans eau puis enfin rétablie (orage des jours précédents nuisibles pour les alimentations). Courses en ville pour les jours de désert à suivre. Plantureux diner en ville, seul client (brochettes, salade marocaine, frites, thé (4,5€), Foum Zguid, un nom qui faisait rêver depuis longtemps comme une bout du monde avant le désert ... | |
24/02/2017 | Zaouïa Sidi | 62 | 200 | 450 | P (caillou) | dehors | Tout de suite, à froid, une piste caillouteuse infâme - des galets qui roulent - sur 40 km, ça tape, ça cogne, ça n'avance pas et ça fait mal au vélo et au cycliste, on manque de tomber très souvent sur les cailloux qui font des croc en roue, du reg, à perte vue. Comme des pavés disjoints entre lesquels il y aurait des billes qui roulent quand on passe dessus, jurons, imprécations, insulte, solitude. Heures chaudes de la mi-journée, sueurs, le vent pousse un peu (merci Hervé de cette indication). finalement, en réfléchissant un peu on finit par trouver des solutions : dégonfler un peu les pneus pour éviter le marteau piqueur sur le fondement, baisser la selle pour abaisser le centre de gravité et mieux contrôler avec les pieds les dérapages latéraux quand les pneus glissent sur les pierres, monter le guidon, emprunter les pistes latérales monotraces et tenter en équilibre et avec une vitesse suffisante de s'y maintenir. Cela secoue tout de même affreusement avec les bruits toujours inquiétants des pneus qui tapent, des sacoches qui secoue et du porte bagage qui effectivement aura morflé (rupture d'un œillet de fixation en bas). 5 km/h de moyenne, moins qu'à pied ! je marche souvent à côté du vélo. Un puits au départ, puis plus rien, personne non plus sauf un nomade et son troupeau. Le désert ? L'œil parcourt l'horizon, ne se fixe nulle part, recherche d'éventuelles formes verticales : des arbres ? des maisons ? des cairns ? des humains ? Improbable. Imprécation contre le sort qui fait que je me trouve dans ce beau merdier et en plus en l'ayant voulu !! Contrôle de la piste par le GPS et Locus. Sieste sur les cailloux à 13h, lassitude. Un petit fort militaire au km 40 au milieu de nulle part, sans doute un contrôle de la frontière, puis 20 km de plat sur le lac asséché Mhader et arrivée à la hauteur du village de Zaouïa Sidi qqch collé à 7 km au nord à la montagne du Djebel Bani, 3 petits fortins du désert qui font office d'auberge sommaire du désert tenues par les gens du village pour les 4x4 qui font la traversée (ils disent "faire la piste !!!") et ont besoin de faire étape. Racolé par une moto (un policier ou l'imam du village ?) pour rejoindre "l'auberge de l'Etoile" Iriki, où, seul client, Bachir me prépare le diner puis confie l'Auberge pour la nuit, lui-même rentrant dormir au village. On est sur le lac asséché d'Iriki. Je dors dehors. La suite ne s'annonce pas si facile, mais cette journée aura été la plus difficile du voyage | ||
8 | 25/02/2017 | 5 km avant Mhamid | 72 | 360 | 540 | P (caillou/sable) | dehors | 38 km de piste, sable plus ou moins dur puis de nouveau les cailloux cassants pour parvenir à l'Oasis Sacré. Longé un temps le Djebel Bani sur les conseils d'un berger. Oasis Sacré, c'est une source qui alimenté une petite marre où les anneaux viennent boire. Un petit fortin à proximité. déjeuner et sieste, quelques 4x4 en direction des Dunes de sable de Chigaga, plus au sud et que je ne verrais pas. Après, c'est un vaste plateau plat mi caillou mi sable, peu de pauses, peu de repos. A 7 km de Mhamid, c'était prévu, je tombe sur une zone de sable mou correspondant au lot d'un oued. Plus possible d'avancer sans pousser. Arrêt, let's call it a day. Bivouac dans les dunes un peu à l'écart de la piste, nuit sous les étoiles, frais le matin (8°)... | |
9 | 26/02/2017 | Zagora | 47 | 240 | 740 | G | 50 | H | 5 km de sable à pousser dans le sable, une horreur mais atténuée par la belle lumière du matin, puis Mhamid à 7km, des campings cars de touristes au bout de la piste à scruter le désert (des tartares ?). Mhamid est le bout de la route qui ne va pas plus loin, c'est donc le bout du monde connu pour ceux dont les véhicules ne peuvent affronter le désert. Faute de pouvoir l'affronter, on le regarde un pied dans le confort du camping-car, un autre dans le sable du désert. Courses à l’épicerie, yaourt, pain frais, sniker. Huile de vidange au garage pour graisser la chaine mise à mal par les pluies et le sable ! 37 km de goudron pour Tagounite, déjeuner, maintenance du vélo, changement des patins de frein avant, regonflage roue arrière, emmerdé par des gamins pour qui j'ai fait des travaux sur leurs vélos (plus rien n'est capable de les arrêter quand ils n'ont plus que cette distraction-là !) puis stop avec le pick up de Mohamed pour rejoindre Zagora à 17h : Hôtel des Amis ! En plein centre-ville, joli, sympa, patron sympa (5€), lessive qui sèche dans le vent sur le toit. Des courses en ville pour la suite : sardine en boite, cacahouète au détail, fruits, dattes, vache qui rit, pain, yaourt. Grande ville maintenant Zagora, encore bien sympa, rose des bâtiments, voyageur de commerce dans sa solitude. Saul le wifi maintenant disponible un peu partout. Code du wifi de l'Hôtel des Amis : nom : "possible", mot de passe : "impossible" !!! |
10 | 27/02/2017 | Oum Jrane | 94 | 460 | 707 | G/P (17)/G | dehors | 1er anniversaire de la mort de HM… Une belle étape longue facile et jolie. Une journée tranquille comme on les aime. D'abord un beau goudron sur 60 km (col du Tafilet, bar du désert), puis piste facile à droite au km 58 depuis Zagora centre. Déjeuner pique-nique au bord de la route avec un couple de marocain en vadrouille. Au menu ? pain et sardine avec bien sûr du thé ! 17 km de piste tranquille et jolie ensuite pour Tismoumine. Puis de nouveau goudron sur 10 km jusqu'à Oumjrane, village assez important avec des jardins irrigués et une palmeraie. Campement à Oum Jrane chez Youssef dont je suis le 1er client de sa future installation de camping/campement à 4 km au sud du village au milieu de nulle part. En construction son campement, en travaux, chambres, douches, WC, cuisine, un forage à 100 m et l'eau à 100 m de profondeur !!!, électricité par générateur. Seul client bien sûr mais 1er client de l'Etablissement (!) faut donc marquer cela et 5 personnes au moins sont invités pour fêter l'évènement. Opération démarrage du générateur emprunté à un cousin... On s'y met à 5 pour trouver la panne, une tentative de bricolage dans le plus effroyable désordre alors qu'il était évident que le courant électrique n'arrivait pas à la bougie. Donc une heure de travail à 5 avec les initiatives les plus folles et évidemment une totale absence d'outils pour découvrir qu'il fallait juste débrancher un fil de sécurité qui coupait l'alimentation. Youssef tellement fier de sa nouvelle installation qu'il me la fait visiter de fond en comble y compris le toit en terre. Ne voulait faire payer son premier client selon la tradition, j'ai dû insister, insister. Déjà les documents commerciaux sont prêts : cartes de visite, liflet, etc ... dont il me dote en grande quantité me pensant un bon vecteur de son marketing viral ! "Mon campement, je le monte petit à petit" chouïa, chouïa ce qui fait écho à la phrase du cordonnier d'Agdez entendue quelques années plus tôt concernant le chantier de sa nouvelle maison !! Dormi dehors de préférence à l'intérieur, voir les étoiles, bénéficier de la fraicheur ... | |
11 | 28/02/2017 | Tafraoute (Sidi Ali) | 49 | 150 | 650 | P | H | Petit déjeuner chez Youssef qui arrive en moto charrette de sa maison familiale au village pour la circonstance. Visite des jardins irrigués (pompes électriques à panneau solaire) de la palmeraie. Pistes sableuses obligeant à descendre du vélo, pousser, puis remonter, fatiguant ! Une erreur d'itinéraire faut d'avoir regardé le GPS à temps puis sur une facétie de ce dernier refusant de faire fonctionner l'application LOCUS. Ce qui me fait croiser la bonne piste sans l'identifier alors qu'elle était évidente et remonter trop vers le nord pour revenir ensuite. Une erreur qui m'a permis de trouver un puits et de m'y réapprovisionner. Très belles dunes de sable jaunes ensuite, magnifique, dans laquelle des pierres noires sont enchâssées. Je monte sur l'une d'entre elle pour la vue (époustouflante) et quelques séquences photos mais la lumière n'est pas si belle (midi). Puis la piste redevient sableuse obligeant à pousser un vélo devenu lourd comme un âne mort et entêté comme un âne vivant ... exténuant parfois ce changement de rythme. Mais les paysages de dunes à droite et de vastes étendues de reg à gauche sont très jolis. Chaud, sieste, mouches. Encore du vent qui pousse un peu. Traversée du "lac" Madher, le fond d'un ancien lac asséché avec une boue plate, sèche et roulante ! Arrivée à Tafraoute (ici nommée Sidi Ali sans doute pour différencier de la ville plus à l'ouest) vers 15h30. Ravitaillement chez un commerçant, tout est cher ici bien qu'il y ait une route venant du nord qui dessert le village (140 km de goudron depuis Alnif !). L'honorable commerçant m'emmène dans une "auberge" du village (Auberge du Lac Maider) 300 m au sud du village dont je suis le seul client et où je négocie la demi-pension à 200 DH (20€). Très propre, patron sympa, wifi !! douche chaude, et super diner. "Auberge", "Gite", "Maison d'hôte", de beaux noms pour désigner des hôtels et qui fleurent bon le tourisme français à la bonne saison qui n'est pas encore arrivée... | |
12 | 01/03/2017 | Ouzina | 80 | 350 | 613 | P | dehors H | Tafaoute -> Ramlia (28 km), 4h40, 75% du temps à pousser, et à pousser dans du sable, des dunes et puis du fech fech (Traversée de l'oued Rheris : 5 km avant Er Ramlia., Déjeuner à l'auberge (!!!) de Ouzina en compagnie de 2 motards espagnols équipés star trek ! Pas d'électricité dans ce village perdu. Midi tueur et depressiogène en contraste avec la matin et le soir et la nuit ... Un peu de piste ensuite, puis un lac asséché, puis confiant, je continue sur une piste sans vérifier le GPS, la piste devient sableuse, malédiction, ce n'est donc jamais fini, je ressors un papier d'Hervé disant piste ok ce qui n'est pas vraiment le cas. Je ressors le GPS mince je suis 2 km au nord de la bonne piste et je ne peux la rejoindre directement car un cordon de dune m'en sépare. Marche arrière et 1h de perdue. Puis une jolie vallée au soleil couchant, tout est joli avec ces lumières-là, même Aubervilliers. La nuit arrive, il faut rouler avec... Et voilà la 1ère auberge de Ouzina qui ressemble à un petit fortin, dans le noir un homme me siffle, ok c'est bon je ne vais pas plus loin et je n'ai pas la force de marchander beaucoup. Diner avec 2 couples, un couple de français dans un petit camion 4x4 aménagé, l'autre en 4x4 avec Zaid leur guide qui est le patron de "l'auberge" (Auberge Erg Ouzina), un homme très expansif ! Salade, couscous, frite. Nuit dehors et beaucoup mieux qu'inside... | |
13 | 02/03/2017 | Merzouga | 58 | 300 | 700 | P/G | H | Petit déj dans la cuisine, piste ok de 30 km jusqu'à Taouz où je retrouve le goudron, courses (des fèves !!!) et omelette). Pas mal de touristes pour venir voir, de Merzouga, la fin du goudron qui ouvre sur ... l'inconnue. Comme Mhamid quelques jours plus tôt. Donc 30 km de goudron jusqu'à Merzouga et ses fameuses dunes rodes au soleil couchant !!! 15h, arrivée, chaleur, vent, fatigue. Billet de bus pour le retour le lendemain direct Marrakech, Bel Hôtel Ryad Chez Youssef déniché dans la vieille ville, seul client, les autres sont partis bivouaquer dans le sable avec chameau et tout le tintouin. Douche et lessive, ballade sur la fameuse dune, des multiples campements et touristes partout (quad, 4x4, motos, camping-cars etc. ...), on est dans la zone et à la pleine saison touristique du Maroc. Dunes rouges de Merzouga, vaste garage où toutes les nationalités se côtoient. Diner puis prière à la Mosquée en compagnie de Youssef qui me reproche de laisser mon sac sans surveillance dans la mosquée ! Je dors dehors, dans la cour, à côté du palmier. Les berbères du sud proposent leurs services mais ils n'insistent jamais quand on dit Non ou que l'on recherche une alternative (hôtel, restaurant, commerce). Bien loin de tout ce qui peut ressembler à du harcèlement. Seuls les gamins dans des coins isolés et hors de la présence de leurs parents peuvent se montrer quémandeurs voire odieux et pestes "bonbons, stylo, ballon, argent etc. " Et cela peut dégénère en tentative de vol, en "fuck you" voire en jet de pierres ! Le linge sèche si vite ici dans le désert et le vent... | |
14 | 03/03/2017 | Marrakech | 4 | 500 | 700 | H | 12h de bus (Supratour le luxe quoi !!!) longue traversée Est Ouest sur les flancs sud de l'Atlas, passage à nouveau du Tizi Tichka, long … A la sortie de Tinhrir en direction de Boulmane Dadès, il y a une grande station-service Africaya et un petit restaurant. Dès la sortie du bus, les serveurs sont là avec les plateaux tout prêts à manger pour donner une idée sur les menus. "Tu sais, je suis Etudiant en Gestion à l'université de ... et je n'ai pas e boulot, alors je fais celui-là en attendant" me dit l'un d'eux. Sur la station-service, une petite mosquée très belle. "Je vous fais le contrôle des niveaux et vous, la prière...". C'est le concept du tout en un. Pendant les jours de vélos, trop de fatigue et pas assez de temps pour écrire autre chose que du factuel. Voire même de penser aux autres, ceux qui sont restés et qui d'ailleurs vous ont aussi oublié ! Il peut même arriver que l'effort fasse totalement oublier les pensées du jour. Le style n'est plus là, il peut revenir, mais après seulement ! Au Maroc, je remarque cela à chaque passage, c'est le royaume du "pointu" : le rebord des toits, les babouches, les plats à tajine, les couvercles des théières, la capuche de la gandourah, l'accentuation des mots en fin de phrase dès qu'il y a un échange un peu vif entre deux interlocuteurs... Journée de repos en bus, à ne rien faire, à regarder le paysage défiler, manger, écrire, dormir, regarder les touristes voisins de bus, des tchèques, des coréens, de tout quoi ! Couleurs de l'Atlas : rouge, ocre, rose, vert, jaune. La route du col du Tichka est finalement assez acrobatique et sur du rocher pourri. A tout moment et à tout endroit, ça peut s'effondrer et ça le fait parfois avec de petits ou de gros éboulements. Cette traversée n'en finit pas, des villages partout, des vendeurs de souvenirs (minéraux) aux arrêts, des souvenirs de la 1ère fois avec Gaby et Marion. La nuit arrive dans la descente vers Marrakech et retour, à l'hôtel Medina avec sandwich en cours de route, on a ses habitudes. Toujours l'animation démente place Jama El Fna. Demain, bus pour Essaouira, ça chôme pas vers la fin du séjour ! | ||
15 | 04/03/2017 | Essaouira | 30 | 0 | 200 | H | Bus pour Essaouira à 8h. En approchant de la côte, le relief est doux, les champs deviennent verts, signe de pluie. On est "à la campagne" avec ce vert partout et pas seulement dans les zones irriguées. On se croirait presque en Provence avec juste des maisons à toit plat. Ou en Italie avec des Oliviers et des arganiers dans les champs entourés de petits murs de pierre sèche blanches. La route pour Essaouira se transforme progressivement 2x2 voies, la conduite routière est très contrôlée et les limitations de vitesse respectées. Une transition routière comme on parle de transition démographique. De même, au Maroc, la chasse aux sacs en plastique commence avec le souci de l'environnement à protéger. Les sacs sont remplacés par du non tissé. Cette fois ci c'est dans la Médina que je dors, hôtel Central sur le mode des Ryad avec cour intérieur et 3 étages. Un arbre au centre, du carrelage de fayence par terre, bien glissant en cas de pluie comme dans la soirée. Grand tour en vélo de la Médina, rues commerçantes, rues latérales, rues obscures, ruelles sans issues, quartiers chics près du port, plus populaires au Nord et sur les côtés, Mella le quartier juif dans un état d'abandon toujours aussi sinistre avec ses maisons rasées, son terrain vague, le souk, le port avec des travaux d'aménagement en cours, la grande place à l'entrée de la Médina. Un petit tour au sud au-delà de la plage. Les parkings des camping caristes, L'ouest et le village de Bob Marley. Parfois on se croirait en Bretagne, dans une sorte de Saint Malo sur désert, le port, les mouettes, le vent, la médina. Temps voilé qui accentue cette impression. Voilé comme les femmes. beaucoup de touristes marocains. Et le samedi soir, c'est la sortie familiale sur la plage. Même voilées, on voit les femmes ce qui ailleurs était rare. Arrêt dans une maison pour demander de l'eau. Un vieux Monsieur dans une chaise roulante. "Quel âge a-t-il ?"je demande à sa fille qui m'apporte un verre d'eau. "Il a 65 ans mais sa jambe ne marche plus à cause du cholestérol et de l'hypertension" "Et toi tu as quel âge ?". J'ai presque honte car j'ai son âge et je fais le tour du Maroc en vélo. Effet de l'alimentation ? De la sédentarité ? Du manque de soin ? Le soir, la nuit, les ruelles, les portes en bois prennent une autre dimension féérique dans la Medina. Et, les marchands ont plié bagage. Pourquoi seul à voir cela ? | ||
16 | 05/03/2017 | Marrakech | 23 | 500 | 200 | H | Réveillé par les mouettes, on est en Bretagne ? Un tour à pied au port et à l'extérieur des remparts pour les photos du matin. Rituel croissants à la pâtisserie Driss. Une légende. Bus à la mi-journée. Le voyage à Essaouira aura duré 24h ! Balades Médina (Essaouira, Marrakech), vue sur l'Atlas enneigé au nord ++ Prendre le bus à la gare routière est toujours l'occasion d'un stress, rabatteurs, tentatives d'escroquerie, concurrence farouche entre les compagnies, risque de vol Au retour la chaine de l'Atlas enneigée sur fond de tapis vert. Plateaux de Mongolie ? Devant un tel paysage, une réflexion s'impose "Macha Allah" réflexion que je partage avec ma voisine de bus. Plantations croissantes d'Eucalyptus, arbre à croissance rapide, pour faire du bois d'ouvrage. Sur les sommets des minarets, parfois de grands nids de cigogne comme à Aït Ben Hamou lors du premier voyage avec Gaby et Marion. Eucalyptus, oliviers, amandiers, arganiers sur la côte, genévriers et pins de l'Atlas. Gare routière de Marrakech à 15h, retour à l'hôtel Medina, toujours la même chambre ! Beau et chaud (25/27°). Sur la route de l'hôtel, une procession d'enterrement en direction du cimetière. Le mort est porté sans cercueil sur un plateau en bois juste recouvert d'une couverture. C'est rapide, ça ne traine pas, il faut faire très vite dans la religion musulmane. Des suivants, à pied ou à moto. Les cimetières musulmans sont toujours des endroits qui paraissent un en friche, à l'abandon sans doute à cause de l'absence de monuments funéraires, juste une vague pierre plate dressée qui indique la présence d'un corps. Un aller et retour à l'aéroport pour repérer le trajet pour demain très tôt et chercher des cartons sur un chantier dans les environs. Arrêt au jardin de la Menara et à la mosquée de la Koutouba où je vais à la prière du soir, visite de la Medina, beaucoup plus grande que celle d'Essaouira, impressionnante avec ses hauts murs rouges qui entourent des Ryad avec sans doute de beaux jardins intérieurs comme j'ai pu le voir de la terrasse de l'hôtel Medina. Rues, ruelles, des impasses, beaucoup de demi-tours, un vrai labyrinthe où il fait bon se perdre. Foule dans le souk, foule dangereuse en cas de mouvements brusques ou de panique. Ambiance toujours aussi délirante sur la place Jama autour des petits restaurants à ciel ouvert, des charmeurs de serpent, la circulation piétonne est bloquée, impression claustrophobie, d'étouffement, vite s'échapper par les ruelles latérales. L'omniprésence du wifi rattache trop le lointain au proche et peut empêcher de se plonger dans le voyage | ||
17 | 06/03/2017 | Paris | 7 | maison | Départ en vélo de l'hôtel à 5h30, frisque en fin de nuit, récupération des cartons sur le chantier à côté de l'aéroport, 6h aéroport et 7h30 fin du démontage/assemble du vélo qui transforme ce dernier en paquet de 24 kg, une sorte d'œuvre de Ben emballée par Christo. Turbulences au-dessus des nuages sur l'aquitaine. En début de matinée, gris sur Paris et pas si chaud, je remonte le vélo calmement dans la salle de récupération des bagages à côté des tapis roulants. Faire le vide dans son corps | ||||
Total | 892 | 5 590 | G : goudron / P : piste | H : hôtel | Budget : 570 € (avion + vélo : 230 € / sur place : 340 € soit 20€/j) Poids du vélo + bagages (30 kg) |
Atlas
Anti Atlas
Désert entre Tissint et Merzouga
Essaouira / Mogador
Et puis, sur la carte, il y avait cette ligne le long de la frontière algérienne, cette ligne qui courait de Taouz à Tagounite.
Sur la carte Michelin, on ne sait jamais ce que c’est. Peut-être rien, peut-être une route maintenant (on dit un « goudron » en Afrique), peut-être une piste pas bien fameuse.
En plus, il y avait des noms qui font rêver longtemps, depuis longtemps, une sorte de pouvoir magique, à force de les avoir lus, peut-être même déchiffrés, un parfum du désert pourtant si pauvre en odeur : Foum Zguid, Mahmid (en appuyant bien sur le « h »)
Il fallait donc y aller pour voir, le voyage a toujours besoin d’un prétexte.
Et d’abord se renseigner.
En 2013, je pose la question sur internet, ainsi que Hervé, un autre cyclo spécialiste du voyage à vélo au Maroc. Hervé lorgnait lui aussi ce tracé et m’a largement fait bénéficier de ses recherches
« Bonne rédemption » a répondu Razul un contributeur de Voyage Forum sur internet à l’évocation de cette traversée en vélo. Razul est issu du monde du 4x4 dans des expéditions transsahariennes.
« Poussettes assurées et beaucoup de mou » continuait-il. « Mais quand on aime… »
Et le coup de grâce : « Je doute que le vélo soit pertinent mais je ne suis pas un pénitent ».
Et plus loin signe : « si l’itinéraire était un spot pour vélo, tu aurais plein d’infos alors …bonne réflexion ».
Et c’est vrai qu’il m’a fallu 3 à 4 ans pour réfléchir, murir l’action et me décider.
Entretemps, Hervé, sans doute plus motivé ou plus courageux que moi, m’avait devancé. Une tentative en 2015 arrêtée par la chaleur et finalement le succès en 2016.
Hervé n’a pas été avare en informations. Toujours factuel. Par exemple : « là, avant l’arrivée à Mahmid, il te faudra pousser 5 km dans le sable » ou bien « après Foum Zguid, une piste de galets » mais sans référence à ce que, sur le terrain on peut ressentir comme de la souffrance ou une certaine forme de découragement.
Beaucoup de gens se vantent, en rajoutent, font des promesses qu’ils ne tiennent pas. Hervé était du genre taiseux et modeste. J’ai fini par penser, qu’ancien coureur, il devait aussi être très fort.
« Ah oui » me dit-il un jour au téléphone, « ton parcours, tu as tenu compte du sens du vent ? ». « … ». Merci du conseil, j’ai inversé le sens du parcours et bénéficié, dans la partie désertique, du vent d’ouest favorable ! Presque constamment.
Les choses s’étaient un peu précipitées la semaine précédant le départ. La fin de la succession de HM, la signature du bail, les derniers démontages, et déménagements, du rangements d’objets déménagés. Tout en même temps et finalement c’est peut-être là une de condition de l’efficacité.
Plus il y en a à faire et moins on perd de temps. On passe juste le temps nécessaire à chaque tache, pas plus.
Ils avaient dit : « un an pour régler la succession », j’y croyais pas, et ça a effectivement pris un an de boulot, de temps morts, de disputes allant crescendo.
Alors, au revoir l’appartement de Longchamp escalier C 4ème étage Gauche, 60 ans depuis que HP ayant fui la cohabitation avec belle famille puis la location avait décidé d’investir (« mon chéri, tu vois, il nous faut une installation adaptée ») L’appartement, son balcon, son jardin, ses rénovations successives. Les parents partis, c’était devenus une coquille vide, inhospitalière hantée par des fantômes. Où sont-ils ? L’école de la rue de la Ferme, les deux boulangeries sur le trajet de l’école. Chaque jour une page qui se tourne, mais celle la, c’est la dislocation de la famille, les anciens du haut partis, eux et leurs biens .
Et le petit routard VRP reconverti en cyclo trotteur de la solitude, pour éviter la foule, sortir de la « zone de confort » en descendant vers le sud là où les paysages virent du vert à l’ocre, le sable devient prégnant, le désert, le prototype du jardin de l’enfance .
Objets fétiches ? Après avoir remonté le vélo à l’aéroport de Marrakech, je transport encore un moment les cartons d’emballage. Difficile de les abandonner, on souhaite les garder pour le retour. C’est le syndrome de la roue de secours, du filet de sécurité : pouvoir faire demi-tour. Jusqu’où ? Revenir dans le ventre de sa mère ? Yalla, Inch Allah. A la station-service, je jette dans la poubelle les cartons sous le regard un peu inquiet du pompiste et vais engloutir un bol de soupe aux fèves et des pois chiches salées en guise de diner.